Ceci est le quatrième article d'une série de cinq où nous démontrons la fausseté des arguments avancés par le Rabbin Bentzion Kravitz contre les preuves textuelles invoquées par les chrétiens pour soutenir la messianité de Jésus de Nazareth.
Après avoir vu pourquoi la citation des prophètes faites en Matthieu 2 : 13 n'était pas une prophétie fabriquée de toutes pièces , pourquoi Esaïe 7 : 14, cité en Matthieu 1 : 23, n'est pas mal traduit et lu hors de son contexte et pourquoi en Romains 11 : 26 Paul ne traduit pas faussement Esaïe 59 : 20, nous allons ici voir pourquoi 2 Samuel 7 : 14 envisagé dans son contexte ne peut que s'appliquer au Messie, qui est Jésus de Nazareth.
EXEMPLE No 4 : ENVISAGE DANS SON CONTEXTE, LE VERSET NE PEUT S’APPLIQUER A JESUS
L’Epître aux Hébreux (1:5) cite, comme allusion prophétique à Jésus, fils de D.ieu, un verset du deuxième livre de Samuel (7:14) : « Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ». Cependant, si nous considérons ce verset de II Samuel dans son intégralité, il ne s’achève pas comme indiqué dans le Nouveau Testament, mais il continue : « … tellement que s’il vient à forfaire, Je ne le châtierai qu’à la façon des hommes. » Ces derniers mots ne peuvent en aucun cas s’appliquer à un Jésus présenté comme ayant été « sans péché ». En outre, le verset parle spécifiquement du Roi Salomon, ainsi que cela résulte de façon évidente de : « Il s’appellera Salomon... C’est lui qui élèvera une maison en Mon honneur ; il Me sera un fils, Je lui serai un père.» (I Chroniques 22:9 et 10).
La Bible parle fréquemment de certains individus qu’elle présente comme « fils de D.ieu ». Et il arrive d’ailleurs que ce soit tout le peuple d’Israël qu’elle désigne ainsi : « Israël est le premier-né de Mes fils » (Exode 4:22).
L'argument du Rabbin semble convaincant. Seulement, le Rabbin passe à côté d'une notion importante : Une partie d’une prophétie peut concerner un individu et une autre partie de la même prophétie concerner un autre individu (principe de la double référence).
En effet, quand on examine bien la prophétie donnée à David et les faits qui se sont produits dans la vie de Salomon, il est devient clair que ce n’est pas en Salomon que c’est accomplie toute la prophétie.
Il ya notamment le fait que :
- La prophétie prévoyait que la semence promise puisse être suscitée et commence à régner après la mort de David. Pourtant, il est clair que Salomon avait commencé à régner avant que David ne meurt.
"12 Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j'élèverai ta postérité après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j'affermirai son règne." (2 Samuel 7 : 12)
“32 Le roi David dit: Appelez -moi le sacrificateur Tsadok, Nathan le prophète, et Benaja, fils de Jehojada. Ils entrèrent en présence du roi. 33 Et le roi leur dit: Prenez avec vous les serviteurs de votre maître, faites monter Salomon, mon fils, sur ma mule, et faites-le descendre à Guihon. 34 Là, le sacrificateur Tsadok et Nathan le prophète l'oindront pour roi sur Israël. Vous sonnerez de la trompette, et vous direz: Vive le roi Salomon ! 35 Vous monterez après lui; il viendra s'asseoir sur mon trône, et il régnera à ma place. C'est lui qui, par mon ordre, sera chef d'Israël et de Juda. 36 Benaja, fils de Jehojada, répondit au roi: Amen ! Ainsi dise l'Éternel, le Dieu de mon seigneur le roi ! 37 Que l'Éternel soit avec Salomon comme il a été avec mon seigneur le roi, et qu'il élève son trône au-dessus du trône de mon seigneur le roi David ! 38 Alors le sacrificateur Tsadok descendit avec Nathan le prophète, Benaja, fils de Jehojada, les Kéréthiens et les Péléthiens; ils firent monter Salomon sur la mule du roi David, et ils le menèrent à Guihon. 39 Le sacrificateur Tsadok prit la corne d'huile dans la tente, et il oignit Salomon. On sonna de la trompette, et tout le peuple dit: Vive le roi Salomon !” (1 Rois 1 : 32 – 39)
- La prophétie avait aussi prévue que le roi dont il est question aura son trône affermi pour toujours. Pourtant, Salomon n’avait pas eu son trône affermi pour toujours, puisque le royaume qu’il avait légué à son fils fut très vite divisé et donné à son serviteur.
“11 Et l'Éternel dit à Salomon: Puisque tu as agi de la sorte, et que tu n'as point observé mon alliance et mes lois que je t'avais prescrites, je déchirerai le royaume de dessus toi et je le donnerai à ton serviteur. 12 Seulement, je ne le ferai point pendant ta vie, à cause de David, ton père. C'est de la main de ton fils que je l'arracherai. 13 Je n'arracherai cependant pas tout le royaume; je laisserai une tribu à ton fils, à cause de David, mon serviteur, et à cause de Jérusalem, que j'ai choisie.” (1 Rois 11 : 11 – 13)
Le Rabbin Bentzion Kravitz affirme que la déclaration finale de 2 Samuel 7 : 14 (« … tellement que s’il vient à forfaire, Je ne le châtierai qu’à la façon des hommes. ») ne peut en aucun cas s’appliquer à un Jésus présenté comme ayant été « sans péché ».
Le Rabbin semble n'avoir pas remarqué que la déclaration est conditionnelle. Il n'est pas dit "Quand il viendra à forfaire", mais "S'il vient à forfaire". Jésus est bel et bien présenté comme sans péché, mais il n'est jamais présenté comme n'ayant jamais été tenté.
En s'incarnant entant qu'homme, Jésus avait été tenté en toutes choses et soumis à toutes les faiblesses humaines (la faim, la soif, etc.), mais il n'avait simplement pas succombé à la tentation et au péché.
"14 Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. 15 Car nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché." (Hébreux 4 : 14 – 15)
"12 Aussitôt, l'Esprit poussa Jésus dans le désert, 13 où il passa quarante jours, tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient." (Marc 1 : 12 – 13)
La deuxième partie de la prophétie de 2 samuel 7 : 14 ne remet donc pas en cause le fait que cette prophétie soit appliquée à Jésus.
Penchons nous enfin sur la notion de Fils de Dieu dont le rabbin Bentzion semble vouloir minimiser la portée sur Jésus de Nazareth, en affirmant que "la Bible parle fréquemment de certains individus qu’elle présente comme « fils de D.ieu ». Et il arrive d’ailleurs que ce soit tout le peuple d’Israël qu’elle désigne ainsi : « Israël est le premier-né de Mes fils » (Exode 4:22)".
"Je publierai le décret; L'Éternel m'a dit: Tu es mon fils! Je t'ai engendré aujourd'hui." (Psaume 2 : 7)
Dans le Midrash Tehillim (un commentaire homilétique sur les Psaumes compilé au long des siècles) on retrouve des indications intéressante sur la qualité de Fils de Dieu que devait avoir le Messie. Dans la partie consacrée au Psaume 2: 7, on s'y interroge au sujet du décret dont on parle. La première réponse des rabbins est que cela fait référence au "décret de la Torah" (Exode 4 : 22) où Dieu appelle Israël son premier fils. En d'autres termes, autant Israël est le Fils de Dieu, autant le roi dont on parle au Psaume 2 : 7 est le Fils de Dieu. Secundo, il est affirmé que le décret dont il est question au Psaume 2 : 7 est le "décret des prophètes", s'appuyant pour cela sur Esaïe 52 : 13 (Voici, mon serviteur prospérera) et Esaïe 42 : 1 (Voici mon serviteur, que je soutiendrai, Mon élu, en qui mon âme prend plaisir). Ce qui est intéressant, c'est qu'on ne retrouve pas le terme "Fils", encore moins "Fils de Dieu" dans lesdits passages, mais le Midrash les associes au Roi qui est appelé "Fils de Dieu" dans le Psaume 2 : 7. Tertio, les rabbins affirment que le décret dont on parle au Psaume 2 : 7 est le "décret des écrits", en citant le Psaumes 110 : 1 "Parole de l'Éternel à mon Seigneur:Assieds-toi à ma droite, Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.", un psaume cité par Jésus lui-même pour démontrer que le Messie était plus qu'un simple fils de David, puisque dans ledit Psaume David l'appelle "mon Seigneur" (voir Matthieu 22 : 42 – 45). Le dernier verset cité dans le Midrash Tehillim pour expliquer la raison pour laquelle le Roi, fils de David, est appelé "Fils de Dieu" est Daniel 7 : 13, "Je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu'un de semblable à un fils de l'homme".
D'ailleurs, dans le Psaume 45 et Esaïe 9, ce Roi, fils de David, est appelé Dieu.
"2 Des paroles pleines de charme bouillonnent dans mon coeur. Je dis: Mon oeuvre est pour le roi! Que ma langue soit comme la plume d'un habile écrivain! (…) 4 Vaillant guerrier, ceins ton épée, Ta parure et ta gloire, 5 Oui, ta gloire! Sois vainqueur, monte sur ton char, Défends la vérité, la douceur et la justice, Et que ta droite se signale par de merveilleux exploits! 6 Tes flèches sont aiguës; Des peuples tomberont sous toi; Elles perceront le coeur des ennemis du roi. 7 Ton trône, ô Dieu, est à toujours; Le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité. 8 Tu aimes la justice, et tu hais la méchanceté: C'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint
D'une huile de joie, par privilège sur tes collègues." (Psaumes 45 : 2, 4 – 8)
De ce psaume, il est clair que le Roi, fils de David, est aussi appelé Dieu. Et puis, il existe plusieurs commentaires rabbiniques qui se penchent sur les qualités surnaturelles du Messie, au point où les érudits ont traité de "semi-divine" ces aspects de la tradition juive sur le Messie.
Dans un midrash, Yalqut Shim‟oni 2:571, on trouve cet intéressant commentaire sur Esaïe 52 : 13 ("Voici, mon serviteur prospérera; Il montera, il s'élèvera, il s'élèvera bien haut.") :
Who art thou, O great mountain? (Zech. iv. 7.) This refers to the King Messiah. And why does he call him “the great mountain?” because he is greater than the patriarchs, as it is said, “My servant shall be high, and lifted up, and lofty exceedingly” – he will be higher than Abraham, who says, “I raise high my hands unto the Lord” (Gen. xiv. 22); lifted up above Moses, to whom it is said, “Lift it up in thy bosom” (Num. xi. 12); loftier than the ministering angles, of whom it is written, “Their wheels were lofty and terrible” (Ez. i. 18). And out of whom does he come forth? Out of David
(Yalqut Shim‟oni 2:571, traduit par Driver et Neubauer, Fifty-Third Chapter of Isaiah).
Traduction : Qui es-tu, grande montagne ? (Zacharie 4 : 7). Cela fait référence au Roi Messie. Et pourquoi est-il appelé "Grande montagne", parce qu'il est plus grand que les patriarches, car il est dit, "mon serviteur prospérera; Il montera, il s'élèvera, il s'élèvera bien haut" – Il sera plus grand qu'Abraham, qui avait dit "Je lève la main vers l'Éternel" (Genèse 14 : 22); élevé au dessus de Moïse, à qui il a été dit, "Porte-le sur ton sein" (Nombres 11 : 12); plus élevé que les anges, au sujet de qui il est écrit "leurs roues étaient élevées et effrayantes" (Ezéchiel 1 : 18). Et de qui viendra-t-il ? De David.
Quand on associe cette tradition à celle qui parle de la préexistence du Messie (b. Pesahim 54a; Nedarim 39b) ou celle sur sa venue du ciel, sur les nuées (b. Sanhedrin 96b-97a), il est facile de comprendre que la tradition juive reconnais au Messie une position supérieur, des qualités surnaturelles, une personnalité quasi divine.
Conclusion
Bien qu’en Salomon s’était accomplis une partie de la prophétie de 2 Samuel 7 : 14, le contexte total de la prophétie laisse voir qu'elle devait s'accomplir parfaitement sur le roi à venir après la mort de David et qui aura son trône affermit pour toujours, le Messie.
Références
Bible study ressources, Rabbinical Judaism Accepts Christian Interpretations (Part 4) (Article d'une série basée sur les quatre volume du livre de Brown, Answering Jewish Objections to Jesus)
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai une question, on lit bien :
" Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j'élèverai ta postérité après toi, CELUI QUI SERA SORTI DE TES ENTRAILLES, et j'affermirai son règne." (2 Samuel 7 : 1)
Or, le Christ n'est pas du tout sorti des entrailles de David mais de la postérité de David et logiquement c'est bien Salomon qui est sorti de ses entrailles, mais, comme vous l'avez souligné, il ne peut s'agir de lui non plus vu que Salomon est monté sur le Trône d'Israël du vivant de David, alors de qui s'agit-il finalement ? Pouvez-vous m'éclaircir sur ce point merci...
Au plaisir,
Jocelyn
Chère jocelyn, il ne faut pas comprendre le fruit de tes entrailles ici dans le sens féminin de l'expression comme pour marie dont le fruit des entrailles était béni mais plutôt dans le sens masculin de l'expression comme pour Abraham et Lévi. L'épitre aux hébreux nous informe que ce dernier avait donné sa dîme alors qu'il était encore dans le sein d'Abraham dont il est le fruit des entrailles (le descendant).
RépondreSupprimerEntant que descendant de David, Jésus est pleinement le fruit de ses entrailles. C'est pourquoi il y a même des prophéties où le messie est simplement appelé «David».
Merci beaucoup pour votre réponse !
RépondreSupprimerL'argument du Rabbin Bentzion Kravitz tombe à l'eau à l'instant même où Dieu dit dans le livre de Isaïe à ceux qui ont faim et soif de la justice "je vous accorde une alliance éternelle, les grâces permanentes de David" (Is 55:3)
RépondreSupprimerQuelle sont les grâces permanentes de David si n'est la prophétie de Nathan (2 Sa 7:12-16). Donc au temps de Isaïe et à plus forte raison au temps du Seigneur Jésus la prophétie de "Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils" été toujours d'actualité.
Si il est vrai que quand YHWH dit à Nathan de son messie "Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils" je ne nie pas que le titre n'est que politique mais il est évident que cela préfigurer le vrai Oint, Jésus Christ.
Il faut aussi noter que le Père dit de son messie "C'est lui qui bâtira une maison à mon nom, et j'affermirai pour toujours le trône de son royaume" si cette prophétie c'est accompli en Salomon elle ne trouve que son réel accomplissement en Jésus, lui qui a bâti l'Église le temple du Seigneur étant "devenue la maîtresse pierre de l'angle" (Ps 118:22) aussi vrai qu'en réssucitant Christ, le Père a affermi "pour toujours le trône de son royaume"