Jésus et sa doctrine de tendre l’autre joue face à la loi du talion

Un lecteur de ce blog m’avait fait remarqué ce qu’il considère comme une contradiction dans l’attitude de Jésus par rapport à la loi de Moïse. Voici ce que disait son commentaire :

Dans les Evangiles, Jésus affirme qu'il est venu pour accomplir la loi, et non l'abolir (Matthieu 5.17). Ensuite, aux deux versets suivants, il nous montre clairement que la loi ne doit pas être changée.

Puis aux versets 38 et 39, surprise générale, nous voyons qu'il prend la loi dite du Talion à contre pied en déclarant : "Vous avez appris qu'il a été dit: oeil pour oeil, et dent pour dent (Lévitique 24.19-20). Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre."

Ma question est : Si Jésus a dit que "celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements [...] sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux", que dire de sa doctrine de "tendre l'autre joue" ? N'a-t-il pas modifié la loi claire de Moïse ? Est-ce là l'attitude que devait avoir le véritable Messie envoyé par le Dieu de Moïse ?

Dans ma réponse, j’avais souligné à Akhenaton que quand on fait une analyse complète de la Bible, on comprend que Jésus n’a pas en soit contredit la loi du talion par sa doctrine de tendre l’autre joue.

La déclaration de Jésus selon laquelle il était venu accomplir la loi est rendue par d’autres versions comme une affirmation de sa part qu’il est venu donner tout leur sens aux préceptes de la loi.

“Ne pensez pas que je sois venu supprimer la loi de Moïse et l'enseignement des prophètes. Je ne suis pas venu pour les supprimer mais pour leur donner tout leur sens.” (Matthieu 5 : 17, Français Courant)

En opposant sa doctrine de tendre l’autre joue à la loi dite du talion, Jésus oppose en réalité sa doctrine à la fausse conception qu’avaient les gens de cette loi, comprise à tort comme une loi cautionnant la vengeance.

Le fait que la loi dite du talion n’est pas une loi cautionnant la vengeance peut être déduit de la déclaration de Dieu que la vengeance lui appartient et du précepte de cette même la loi qui interdit de se venger et de garder rancune contre son prochain.

“35 A moi la vengeance et la rétribution, Quand leur pied chancellera! Car le jour de leur malheur est proche, Et ce qui les attend ne tardera pas.” (Deutéronome 32 : 35, voir aussi Psaumes 94 : 1)

"18 Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l'Éternel." (Lévitique 19 : 18)

A cause du fait que dans la loi de Moïse Dieu monopolise le droit à la vengeance et qu’il interdit de se venger et de garder rancune, il serait contradictoire de voir en la loi dite du talion une recommandation faites aux personnes lésées de tirer vengeance des dommages corporels qui leur ont été causés. Ainsi, Jésus ne contredit en rien la loi de Moïse quand dans Matthieu 5 : 38 il montre aux lésés l’attitude à adopter face à leurs ennemis.

“38 Vous avez appris qu'il a été dit: oeil pour oeil, et dent pour dent. 39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre. 40 Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. 41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. 42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.” (Matthieu 5 : 38 – 42)

En réalité, la loi dite du talion parle de la sentence que doivent appliquer les juges dans une affaire où une personne aurait subit un dommage corporel. Elle ne s’adresse en aucun cas aux personnes ayant subi un dommage corporel.

“25 Moïse choisit des hommes capables parmi tout Israël, et il les établit chefs du peuple, chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante et chefs de dix. 26 Ils jugeaient le peuple en tout temps; ils portaient devant Moïse les affaires difficiles, et ils prononçaient eux-mêmes sur toutes les petites causes.” (Exode 18 : 25 – 26)

Sur recommandation de son beau-père, Moïse avait établit des juges sur la nation d’Israël. Ceux-ci devaient appliquer, dans les affaires qui leur étaient portés par le peuple, les lois reçues par Moïse de la part du Seigneur. Parmi ces lois, on avait celles en rapport avec les dommages corporels causés par une personne sur son prochain, ou ceux causés par l’animal d’une personne sur une quelconque autre personne.

“"22 Si des hommes se querellent, et qu'ils heurtent une femme enceinte, et la fassent accoucher, sans autre accident, ils seront punis d'une amende imposée par le mari de la femme, et qu'ils paieront devant les juges. 23 Mais s'il y a un accident, tu donneras vie pour vie, 24 oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, 25 brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure.” (Exode 21 : 22 – 24)

Ainsi, la loi "oeil pour oeil", "dent pour dent" doit être comprise comme une exigence faites aux juges (pas aux lésés) de rendre justice pour les personnes lésées, par rapport aux dommages corporels qu’ils ont subi. Aux personnes personnes lésées physiquement, le Dieu de Moïse demande de ne pas se venger, encore moins de garder rancune (Lévitique 19 : 18). Jésus n'est donc pas allé en l'encontre de la loi de Moïse quand il demande aux personnes lésées de ne point se venger.